L’équipe nationale U20 est engagée dans un tournoi de la CONCACAF au Honduras. Les enjeux sont la qualification pour la Coupe du monde 2023 et les Jeux olympiques 2024. S’agissant de la Coupe du monde, les demi-finalistes de la compétition seront automatiquement qualifiés. Pour les JO Paris 2024, seuls les deux finalistes obtiendront un billet pour l’événement. En d’autres termes, les objectifs sont énormes pour Haïti ; surtout il ne fait pas le poids dans cette catégorie en général.

Les grenadiers et l’échec annoncé.

Le 1er juin 2022, la Fédération Haïtienne de Football (FHF) avait informé à la grande famille du football, et au public en général, qu’elle se trouvait dans l’obligation de décliner la participation d’Haïti aux éliminatoires de la CONCACAF, comptant pour la Coupe du Monde des U20 masculin pour des raisons indépendantes de sa volonté. Pour certains, cette décision était juste, puisque des entraineurs (Jean Chrysostome Jr Natoux et Webbens Princimé) ont refusé de mener l’équipe, car à moins d’un mois de la compétition l’équipe existait seulement sur papier. Cependant, la CONCACAF a vu les choses autrement, et a demandé à la FHF de reconsidérer sa décision tout en promettant une aide financière en vue de la participation à la compétition. De ce fait, la fédération a révisé sa position, l’équipe U20 a finalement participé au tournoi.

La sélection arrivait sur les lieux de la compétition sans une véritable préparation. L’équipe a joué deux matches en Haïti face au FC Toro et l’Exafoot FC (victoire 1-0 à chaque fois). Puis un troisième match de préparation face à la République Dominicaine, soldé par une défaite 1-3. Cette équipe est composée de nouveaux joueurs essentiellement et un staff technique fraichement constitué. Pour les observateurs, cette équipe est destinée à jouer le rôle de figurante. L’histoire, nous la connaissons. Il est difficile d’oublier la déroute honteuse des U17, qui ont lourdement chuté face aux USA (6-0) en quart de final. Ou encore le cas des U20 éliminés en huitième de finale par la République Dominicaine 3-0. Tout cela, parce que les équipes n’étaient pas préparées. Alors, en voyant ce scénario avec cette nouvelle sélection U20, nous disons tous à voix basse la même chose: l’échec est inévitable.

Dans la lignée du pessimisme qui règne autour de la sélection U20, le coach principal Angelo Jean Baptiste se montre mesuré et lucide dans des propos recueillis par la FHF: “Ce sera une expérience pour les jeunes et le staff technique. J’espère que les joueurs pourront s’amuser et atteindre leurs potentiels. Je remercie les gens qui nous ont accompagnés dans le processus, nous savons que tout s’est fait à la dernière minute. Nous savons que nous ne sommes pas dans une situation favorable, mais l’essentiel: nous sommes présents dans ce tournoi, nous représentons le pays. Nous avons des jeunes très talentueux, ils auront la chance de se présenter aux yeux du monde, et peut-être qu’ils décrocheront quelque chose après le tournoi. […] J’ai accepté ce projet comme une mission patriotique, j’accompagne les jeunes pour dire qu’Haïti est là, nous sommes présents. L’objectif n’est pas de gagner la compétition, l’essentiel c’est qu’on va y prendre part […].”

Haïti, au-delà des espérances.

Le 19 juin 2022, l’équipe a joué son premier match du tournoi face à Trinidad & Tobago, à l’Estadio Francisco Morazan de San Pedro Sula. Ce jour-là, nous avons assisté à un match spectaculaire, des rebondissements dans les deux camps. La sélection haïtienne a fait preuve de solidarité et de caractère, pour enfin arracher un match nul (4-4) bien mérité dans les ultimes secondes. Deux jours plus tard, soit le 21 juin, Haïti a affronté le Suriname. Une victoire était synonyme de qualification au second tour pour Haïti, donc c’était un match décisif. Sans trembler et avec une maitrise étonnante, les bicolores balayaient le Suriname 3 buts à 0. Une victoire probante, mettant en avant le talent de l’effectif.

Pour clôturer le premier tour, le dernier adversaire était le Mexique. Le 23 juin dernier, à l’Estadio Olympico Metropolitano, le Mexique recevait Haïti.
Entre temps, la situation sportive des bleus et rouges a évolué, après un match nul intéressant, une victoire de bonne qualité, les ambitions augmentent. En ce sens, avant l’opposition contre le Mexique, le coach Angelo Jean Baptiste va déclarer qu’il veut la victoire et les trois points. Il avait estimé que, tactiquement et techniquement, son équipe est au niveau. En plus de cela, l’envie et la motivation sont au rendez-vous. Dans le sillage des propos de son entraineur, l’équipe nationale a obtenu un match nul (0-0) qui fera date dans la tête des supporteurs. Ce match a ravi les suiveurs de la sélection U20, qui a offert une prestation de haut niveau. Haïti termine donc 2ème de son groupe, derrière le Mexique. À la fin, tout le monde se dit que si cette équipe avait la préparation adéquate, elle décrocherait sa qualification pour la Coupe du monde et les jeux olympiques sans aucun doute. Mais il faut le préciser, cette équipe vient de loin. Elle a déjà fait plus que tout ce que l’on pouvait en attendre.

L’espoir est là, mais l’avenir reste incertain.

À ce stade de la compétition, il n’est plus question de se cacher. Haïti veut obtenir sa qualification. Le prochain adversaire est la Jamaïque, pour le compte des huitièmes de final. En principe, Haïti abordera cette confrontation sérénité, car l’équipe est dans une bonne dynamique. Et que dire du coach Angelo Jean Baptiste, qui réalise un travail remarquable? Il a construit une équipe solide et sérieuse, ses joueurs appliquent tout ce qu’il demande, selon ses dires. Malgré une préparation au rabais et des blessés en cours de chemin, son équipe reste très compétitive. Avec lui, des individualités sont sortis du lot dans ce tournoi, ce sont des talents à polir. C’est notamment le cas de Steevenson Jeudi, Shad San Millan, Adelson Belizaire, entres autres.
Pour le moment, nous avons en ligne de mire la qualification du Mondial 2023. Mais la plus grande inquiétude est l’avenir de cette équipe. En général, il y a un chamboulement quasi-total dans les équipes de catégories inférieures haïtiennes. Aucune forme de continuité n’est instaurée par la FHF. Nous risquons de ne plus entendre parler de ces jeunes, comme cela a souvent été le cas. Nous ne pouvons qu’espérer. Tout comme le destin a forcé la présence d’Haïti dans ce tournoi, il forcera également nos dirigeants à conserver ce staff technique et à continuer l’encadrement de ce groupe de jeunes très talentueux.