Haïti Sport Universel est honoré de vous présenter une interview réalisée avec Duverson Dominique, qui a assisté à la demi-finale de la Ligue des Champions féminine au Parc des Princes entre le Paris Saint-Germain et l’Olympique Lyonnais. Duverson a reçu le maillot que Corventina a porté lors de ce match où elle a été désignée MVP en tant que passeuse décisive et buteuse.
H: Pourriez-vous vous présenter (Où êtes-vous né en Haïti ? Depuis combien de temps êtes-vous en France ? Que faites-vous dans la vie ? :
D: Je suis Duverson Dominique, né et élevé à Carrfour. J’ai étudié le travail social à la Faculté des Sciences Humaines et Sociales (FASCH) et la gestion des affaires à l’Institut National d’Administration, de Gestion et des Hautes Études Internationales (I.N.A.G.H.E.I.). Avant de venir ici, j’ai travaillé pour une ONG. Je suis en France depuis environ un an, je poursuis une Maîtrise en Métiers de l’Emploi et du Travail, et je vis à Paris.
H: Pouvez-vous nous décrire votre expérience au Parc des Princes lors du match PSG – OL, dans le cadre des demi-finales retour de la Ligue des Champions féminine ?
D: Il y avait peu de billets disponibles pour le match. J’étais assis dans la section des supporters du PSG, mais je n’ai pas pu encourager autant que je l’aurais voulu. Malgré cela, j’ai crié de joie lorsque Melchie a marqué le but victorieux pour l’Olympique Lyonnais. C’était un peu inconfortable d’être entouré de supporters parisiens, surtout sachant que cela peut être dangereux lors des matchs de football masculin en France. Au coup de sifflet final, deux agents de sécurité m’ont demandé de rentrer le drapeau haïtien, prétendant qu’il n’avait aucun lien avec l’événement. Avec d’autres Haïtiens présents, nous avons défendu notre droit et ils ont finalement reculé. Plus tard, nous avons appelé Dumornay qui nous a offert son maillot.
H: Qu’est-ce qui vous a motivé à assister à cette rencontre en particulier ?
D: Je dirais que c’est en partie grâce à Dumornay, ma compatriote. De plus, il y avait une certaine promotion pour le match. Avant la rencontre, beaucoup d’Haïtiens à Paris ont affiché Corventina sur leur statut WhatsApp. Je peux vous dire qu’il y avait bien plus d’Haïtiens dans le stade que ce que l’on voit dans les images, ce qui a été possible grâce au programme de Campus France.
H: Comment décrivez-vous l’ambiance dans le stade avant le début du match ?
D: Il y avait beaucoup plus de supporters parisiens, mais un petit groupe de supporters lyonnais, les privilégiés, mais une bonne majorité étaient des Haïtiens.
H: Comment avez-vous été choisi pour recevoir le maillot de Corventina ?
D: Elle a envoyé le maillot, bien qu’il y ait eu deux autres Haïtiens près de moi, mais, c’est moi qui l’ai obtenu, et les autres étaient d’accord pour dire que je le méritais, car j’avais le drapeau haïtien. Tous les Haïtiens présents ont eu la chance de prendre des photos avec le maillot.
H: Qu’est-ce que cela représente pour vous de posséder ce maillot ?
D: C’est une fierté de voir un pur produit haïtien jouer un tel match sous mes yeux. C’est un honneur d’avoir ce maillot chez moi. Il représente beaucoup pour moi.
H: Comment envisagez-vous de conserver ou d’honorer ce souvenir spécial ?
D: Ce maillot restera chez moi toute ma vie, il sera conservé comme mon diplôme de licence ou de maîtrise ou encore mon acte de naissance.
H: Comment avez-vous rencontré les autres compatriotes haïtiens au stade ?
D: J’avais le drapeau sur mon cou, et après le match, les autres sont venus me rejoindre, le drapeau étant le symbole qui nous a permis de nous identifier.
H: Avez-vous eu l’occasion de parler à votre compatriote Corventina après le match ?
D: Non, cela n’était pas possible car nous ne pouvions pas franchir les périmètres de sécurité. Ceux qui ont eu la chance de prendre des photos avec Melchie étaient surtout des journalistes haïtiens, mais les supporters ne pouvaient même pas s’approcher du bus dans lequel elle était.
H: Que vous a appris cette expérience sur le pouvoir du sport pour rapprocher les gens ?
D: Après le match, plusieurs journalistes influents m’ont contacté et ma photo avec le maillot est devenue virale, et j’ai accordé une interview à la Voix de l’Amérique. Cette expérience montre que si l’État haïtien met en place des mesures pour soutenir le football national, nous pourrons découvrir d’autres talents comme Melchie.
H: Prévoyez-vous de soutenir Dumornay en Espagne pour la finale ?
D: Évidemment, cependant, il n’y a plus de places disponibles. Nous avons plusieurs groupes WhatsApp d’Haïtiens vivant à Paris qui envisageaient d’aller à Bilbao, mais j’espère qu’il y aura de nouveaux billets en vente pour que nous puissions assister à cette finale, et j’espère que Melchie la remportera.
H: Avez-vous eu d’autres expériences similaires dans le passé en tant que fan de football ?
D: Quand j’étais enfant, j’avais l’habitude de suivre les matchs du club de ma région (Carrfour) ASCAR, qui participait au championnat national. J’aimais soutenir ce club lorsque nous avions des matchs à domicile. Je suis un fan de football depuis mon plus jeune âge.
H: Que signifie pour vous le fait d’avoir Melchie, votre compatriote, être la grande artisane de la série et se qualifier pour la finale de cette grande compétition, une première pour une personne née en Haïti ?
D: Je crois que Melchie est la plus grande sportive d’Haïti, toutes disciplines confondues. Je ferai de mon mieux pour la soutenir, et je travaille également à soutenir les autres Grenadières jouant en France.
Valdyrsen Déris, né à Port-au-Prince, est licencié en Théologie et poursuit actuellement des études en Communication et Relations humaines à Maurice Communication. Il a également étudié les Lettres modernes à l'École Normale Supérieure (ENS). Passionné de sport, Valdyrsen Déris est co-fondateur de RCNS-Haïti et d'Haïti Sport Universel. Il occupe le poste de Responsable des Relations Publiques chez KATIZANA et fait partie de l'équipe de rédaction d'Haïti Sport Universel depuis 2020.